vendredi 20 septembre 2013



Du côté des essais

Gardiens et passeurs de Daniel Pennac


« Aux passeurs, je dois tout! » Daniel Pennac (p.15)

Daniel Pennac, le créateur des droits du lecteur, s’associe aux éditions Les 400 coups dans le cadre de la campagne de sensibilisation à la lecture et offre son essai Gardiens et passeurs, un texte qui traite de l’importance du rôle joué par l’adulte auprès du lecteur. Pas moins de 10 000 exemplaires seront remis gratuitement dans les librairies dès le 24 septembre à l'achat de deux livres des éditions Les 400 coups.

Voici un résumé de l’opuscule de 20 pages illustré par Bruce Roberts. Êtes-vous surpris si je précise que le texte a été publié sous la direction d’Yves Nadon et de France Leduc ?

Pennac dénonce la conception pharmacothérapeutique de la librairie : les enfants y entrent  comme dans une pharmacie avec une liste de livres que leur remet le libraire, comme le pharmacien, les prescriptions. L’auteur insiste : la lecture est tout sauf une prescription !

« Vous me lirez trois gouttes de Mallarmé matin et soir dans un grand verre de commentaire… Un mois d’Éducation sentimentale et nous verrons ce que donnent vos analyses… À la recherche du temps perdu, n’arrêtez pas le traitement avant la fin. » (p. 3)

La comparaison est brillante et ô combien percutante. Pennac continue son argumentation en expliquant que ce problème est la conséquence de l’enseignement médicolégal de la littérature. En effet, on dissèque les textes pour mieux les étudier en souhaitant en faire ressortir la beauté.  Ces lectures effraient trop souvent les lecteurs. On bataille pour le livre en oubliant trop souvent de donner véritablement le goût de lire aux enfants et aux adolescents.

Ainsi, Pennac propose ses deux grandes figures du monde du livre : les gardiens et les passeurs, deux rôles que l’on trouve dans tous les secteurs du livre et de la culture. Le gardien considère le livre comme un produit esthétique. Pour le gardien, il est nécessaire de lire, mais il déplore le fait que la lecture ne soit plus qu’un divertissement.  Il décrète l’excellence des classiques et déplore la médiocrité des romans de la rentrée. Il n’y a plus de romancier digne de ce nom depuis Gide, plus un philosophe depuis Sartre. Ainsi, le gardien décrète et déplore sans aucune responsabilité. Pennac rappelle à l’ordre ce dernier et lui suggère de lire, de chercher et surtout de trouver un bon livre et de le faire lire aux autres. 

Les passeurs, quant à eux, considèrent le livre comme un art vivant qui nourrit la vie et se nourrit d’elle. Les passeurs « sont curieux de tout, lisent tout, ne confisquent rien, transmettent le meilleur sans faire à personne honte du pire. » (p.12) Ils savent qu’ils peuvent être déçus par certains livres, mais ces derniers seront un tremplin à certains auteurs pour en publier un meilleur. 

Je vous invite à lire les descriptions du parent, de l’enseignant, du libraire, du bibliothécaire, de l’éditeur, du critique littéraire et du lecteur qui jouent le rôle du passeur, un vrai délice ! 

Concernant les universitaires, Pennac affirme : « Passeurs, les universitaires qui ne se bornent pas à former des chirurgiens en littérature, mais des éveilleurs de conscience, des allumeurs d’émerveillement. » (p.13) Je souhaite de tout cœur être ce type de passeurs… Et vous, êtes-vous gardien ou passeur ?

Bref, un essai intelligent qui fait sourire et surtout qui donne envie de lire et de partager nos lectures ! J’espère qu’il y aura autant de gardiens que de passeurs dans les librairies lundi prochain.

Belle initiative les 400 coups et encore le mot juste monsieur Pennac !

2 commentaires:

  1. il faut que je le trouve, merci pour cette idée!

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  2. Merci pour cette belle découverte !
    Il ne me reste plus qu'à le trouver.

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