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vendredi 1 mars 2013



Du côté des analyses : Les aventures de Pinocchio de Stella Gurney, Zdenko Basic et Manuel Sumberac

« Il était une fois, chers lecteurs… « un roi! » allez-vous me dire. Eh bien non, juste un bout de bois posé sur l’établi d’un humble artisan nommé Geppetto. » (Les aventures de Pinocchio, p.3)

Lorsque Sonia Fontaine, l’éditrice jeunesse chez Hurtubise HMH, m’a présenté Les aventures de Pinocchio de Stella Gurney, Zdenko Basic et Manuel Sumberac l’an passé, ce fut un véritable coup de cœur. J’adore ce petit pantin désobéissant et menteur ! 

 

Pourquoi parler de ce titre plutôt qu’un autre ?


Parce que les illustrations sont magnifiques, parce qu’il s’agit de l’adaptation d’un texte classique dont on devrait tous connaître la version originale plus que l’œuvre de Disney. Et parce que cet album, animé de gadgets graphiques, s’adresse aux enfants qui apprennent la lecture. Et oui, les livres animés ne sont pas que pour les petits.

 

Qu’en est-il de l’histoire ?


Cette adaptation de Pinocchio d’après le texte de Carlo Collodi, la plus connue des œuvres italiennes pour les enfants, est écrite par Stella Gurney.  Le texte a été traduit par Bénédicte Perceval.

Un vieil homme nommé Geppetto décide de fabriquer un pantin dans un morceau de bois. Il le nomme Pinocchio, qui signifie « œil de Pin ».  Tout au long du récit, Pinocchio relève une quête, celle de devenir un vrai petit garçon. Marionnette au vrai sens du terme, il est manipulé par tous les gens qu’ils rencontrent, soit le Renard, le Chat, La Mèche et Le Petit Homme. Ces manipulations sont doublées d’une autre, intérieure cette fois. Il est déchiré entre le désir de faire plaisir aux autres et celui de se faire plaisir. À cause de ses désirs, il se retrouvera dans le pétrin à plusieurs reprises : seul chez lui, au Théâtre de marionnettes, Au Pays des Nigauds, sur l’Île des Abeilles Industrieuses, à la mer, au Pays des Jouets et finalement dans le ventre d’un requin.

Tout au long du récit, Geppetto, son père, généreux à souhait, tente, tant bien que mal, de l’envoyer à l’école et prend soin de lui malgré les nombreux événements. La Fée bleue, une figure de la mère, douce et attentionnée, fait de même en lui prodiguant soins et conseils. Et le fantôme du Grillon, agissant comme sa conscience, lui rappelle sans cesse le chemin à prendre, le choix à faire. J’ai bien écrit le fantôme, car, contrairement à la version de Disney, Pinocchio tue le Grillon avec un maillet dès leur première rencontre.

Bref, Pinocchio est à l’image des enfants : il veut faire l’école buissonnière, ment, essaie de gagner du temps pour ne pas prendre de médicaments, préfère le jeu au travail, refuse d’obéir et proteste contre l’autorité parentale. Mais comme tous les enfants, il apprend de ses erreurs et s’améliore. De paresseux, désobéissant et bon à rien, il devient l’enfant généreux qui s’occupe de son père et de la Fée bleue. Son travail, sa gentillesse et sa bonne conduite le transformeront en un vrai petit garçon.

 

Qu’en est-il des illustrations ?


Les illustrations de Zdenko Basic et Manuel Sumberac sont tellement jolies. Chacune d’elles, présentée sur la double page, reproduit une ambiance comparable à celle des films de Tim Burton. Mariant les photographies et les illustrations, Basic et Sumberac  donnent vie à la galerie de personnages. Ils jouent avec les plans, les angles de prises de vue, la perspective et la profondeur de champ.  Fait intéressant, dans chaque scène, les enfants sont invités à chercher le bouton  qui est tombé du vêtement de Pinocchio. J’ai eu beaucoup de plaisir à le chercher et à le trouver.

 

Qu’en est-il du format ?


Ce livre animé, communément appelé pop-up, présente par le déploiement en trois dimensions l’atelier de Geppetto.  Le lecteur aura du plaisir à découvrir les volets à ouvrir, les languettes à tirer ou à rouler. La mobilité des éléments en amusera plus d’un.

 

Qu’en est-il de l’adaptation ?


Gurney respecte de façon assez stricte l’œuvre originale. Cela dit, elle transforme le texte afin de l’adapter au nouveau médium et aux lecteurs visés. En effet, Gurney resserre le récit du roman de Collodi afin de répondre au format du livre animé. De même, elle adapte le texte en le simplifiant pour cibler une clientèle plus jeune, celle qui lit encore des albums et qui apprend à lire. 

Pour conclure, ce livre animé réussit son pari : nous offrir une nouvelle lecture de l’œuvre de Collodi tout en nous donnant envie de lire ou de relire ce classique de la littérature pour la jeunesse.

samedi 23 février 2013

Du côté des livres à découvrir : Quelle pagaille ! et Quelle journée ! de Laurence Aurélie et Danielle Marcotte

Cette semaine, je vous propose de découvrir la série Pica que j’adore, écrite par une mère, Danielle Marcotte, et sa fille, Laurence Aurélie, illustrée par Sophie Casson et publiée aux éditions de la courte échelle dans la collection « Première lecture ».

Pourquoi parler de cette série plutôt qu’une autre ?

Parce que le concept est original et exige de la rigueur lors de l’écriture. En effet, les auteures se sont donné une contrainte de création : rien ne dévoile le sexe de Pica, ni les noms communs, ni les pronoms, ni les adjectifs. D’ailleurs, mère et fille parlent de leur personnage en utilisant leur propre pronom : « ilelle ». Vous pouvez le reprendre lors de votre présentation. Libre au lecteur de prendre position et de choisir le sexe de Pica !

Je craque pour le style si particulier des illustrations de Sophie Casson qui a su relever le défi d’illustrer ce personnage androgyne.

Qu’en est-il de l’histoire ?

Les auteures placent les relations humaines au cœur de leur série. L’entraide, le partage, l’amitié et la complicité sont au centre de Quelle pagaille ! alors que l’incompréhension, la solitude, la tristesse et la colère  se retrouvent dans Quelle journée!

Dans Quelle Pagaille !, l’animalerie est sens dessus dessous. Le chien n’est plus dans sa niche, le lapin a quitté son clapier, la souris, sa cage, etc. Pica propose à Monsieur Ming de l’aider à nourrir les animaux et à remettre chaque animal à sa place. Ils découvriront qui a joué un tour à Monsieur Ming.

Dans Quelle journée !, Pica est de mauvais poil sans savoir pourquoi.  Tout le monde est occupé, personne ne s’occupe de lui/d’elle. Pica part pour l’école le cœur gros. Heureusement, Madame Tam met un baume sur le cœur de Pica en lui lisant une histoire.

Les personnages, sensibles et attachants, conviennent parfaitement au lecteur cible. Les textes sont simples, poétiques, rimés et rythmés. Je vous encourage à les lire à haute voix : vous profiterez ainsi de toute leur sonorité.

Qu’en est-il des illustrations ?

En plus de mettre le texte en images, les illustrations de Sophie Casson ajoutent une ambiance, portent les mots de Laurence Aurélie et de Danielle Marcotte. L’illustratrice dessine d’abord à la main les scènes qu’elle numérise ensuite afin d’ajouter la couleur avec le logiciel graphique Photoshop. Travaillant sur le même mode que la sérigraphie, Sophie Casson élabore ses illustrations à partir de trois couleurs de base, le jaune, le rose et le bleu, qu’elle superpose en transparence afin d’obtenir le vert, l’orangé, le brun et le violet. Les images, tout en beauté et en douceur, complètent le récit, lui donnent une perspective. J’adore!

Qu’en est-il du format ?

Dans le milieu de l’édition, il s’agit du format que l’on nomme « premières lectures ». Il se situe entre l’album et le premier roman. Ce format s’approche du roman par sa division en chapitres, et de l’album, par ses nombreuses illustrations. Celles-ci participent à la compréhension du texte. Ce livre, conçu pour être lu seul, s’adresse aux lecteurs en apprentissage.

Qu’en est-il du genre ?

La série Pica aborde la vie quotidienne d’un enfant de 6-8 ans. Le lecteur s’introduit dans la maisonnée d’une cellule familiale : un père, une mère, les enfants, Lilou, Moka et Pica et le chien Képi. Le lecteur pénètre aussi dans le milieu scolaire de Pica, accompagné de Youri, l’ami de Pica et de Madame Tam, l’enseignante.

Quelle pagaille ! dévoile les voisins de Pica. Au rez-de-chaussée, Monsieur Ming tient une animalerie.  Nous rencontrons les animaux : Igor le chat, Gamin le chien, Jeannot Lapin, Mimi la souris et Jacquot le perroquet.  Le lecteur fait également la connaissance de Madame Lola, l’extravagante voisine qui porte des bijoux et un foulard sur la tête.

Qu’en est-il des liens entre les textes  de Laurence Aurélie et de Danielle Marcotte?

Je vous invite aussi à lire les deux albums Au lit, Moka ! et En piste, Moka ! où Moka, le frère/la sœur de Pica n’est pas sexué(e), tout comme Pica, mais rempli  d’imagination. Dans le premier récit, Moka ne veut pas aller dormir et aura affaire à l’horrible sorcière et le grand méchant loup.  Dans le deuxième album, Moka organise un spectacle de cirque. Troublefête et Cassepieds menacent d’annuler la représentation. 

En plus d’être beaux comme tout, ces albums contiennent des histoires finement travaillées et fort intelligentes. À lire et à relire, pour le bonheur des petits!

Et pourquoi ne pas demander quel est le sexe de Pica et de Moka aux enfants à qui vous lirez les histoires ? Chacun aura son propre avis sur le sujet !